CATARINA ET LA BEAUTE DE TUER DES FASCISTES
une pièce de Tiago Rodrigues
« Nous sommes actuellement envahis par un discours univoque, informatif, destiné à fabriquer du consensus. À notre retour dans les salles de spectacle, nous aurons besoin de confrontation de regards, d’ambiguïté, de complexité. » Tiago Rodrigues
Ils sont une famille. Dans leur village au sud du Portugal, ils prennent soin des oliviers et chantent les poèmes de résistance que leurs mères entonnaient dans les champs, au temps encore proche de la dictature achevée en 1974 par la Révolution des Œillets. Depuis plus de 70 ans, ils enlèvent et assassinent des fascistes. Aujourd’hui, c’est au tour de Catarina, la benjamine, de perpétuer la tradition. Le choix se porte sur un populiste nationaliste, de ceux que l’on voit surgir un peu partout en Europe et dans le monde. Mais Catarina, née en démocratie, interroge cette violence et lance une bombe : peut-on légitimement sortir de la démocratie pour lutter contre ceux qui la menacent ? Jusqu’où est-il juste d’aller, y a-t-il une ligne rouge à ne pas franchir ? Et en même temps, comment combattre autrement ce pouvoir opportuniste qui profite des règles légales de la démocratie pour mieux la dévoyer ? Tiago Rodrigues inaugure ici un genre nouveau pour lui : une projection dystopique dans un avenir sombre et incertain, à quelques encablures du nôtre dans lequel le présent a subitement tout écrasé. Une interpellation du réel par la fiction, avec toujours l’éthique d’un théâtre qui habite le temps et ses urgences de manière poétique. Un théâtre de l’acteur, où il s’agit avant tout de voir des gens sur scène et de sentir de quelle façon ils participent au monde.
Le mot du Babel
Tiago Rodrigues nous fait vibrer depuis plusieurs années avec sa passion vitale pour la littérature, les langues et les mots, et leur résonance politique, affective et personnelle autant qu’universelle. Depuis « Bovary », « Par coeur », « The way she dies » et « Sopro », on aime à le retrouver.
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