Le Tartuffe
Guillaume Séverac-Schmitz
Créé en 1664, Tartuffe fut interdit pendant près de cinq ans, sous la pression de l’Eglise, avant de connaître un immense succès. Tartuffe, habile imposteur et faux dévot, gagne l’affection d’Orgon, prêt à lui léguer sa fortune et lui donner sa fille Mariane. Manipulé par l’hypocrisie et la fausse dévotion du Tartuffe, Orgon voit sa place de père vaciller.
Molière “has been” ? Avec brio, les 7 jeunes acteurs (moins de 30 ans) de la troupe éphémère du Théâtre de la Cité, démontrent bien au contraire combien le génie comique et la langue du dramaturge restent étonnamment modernes ! Avec un respect profond du texte, ils nous plongent dans cette crise familiale où la remise en cause du patriarcat et la question de la place des femmes résonnent avec notre actualité. Dans un tourbillon d’énergie et de spontanéité, les sept comédiens portent avec audace la vitalité de ce texte emblématique.
Sous cette mise en scène actuelle et inspirée, Guillaume Séverac-Schmitz donne une nouvelle jeunesse à cette comédie d’anthologie du répertoire classique et nous rappelle que Molière est bel et bien un auteur moderne. Il y raconte ainsi l’histoire d’une famille qui voit ses zones de faiblesses se fracturer et son équilibre anéanti par l’imposture ; une famille qui cherche à retrouver sa dignité et qui se bat pour faire triompher la vérité contre le fanatisme et l’aveuglement des Pères.
Molière est un moqueur aux griffes acérées, et cette pièce nécessite de la part du public une grande autodérision. Aujourd’hui encore, malgré le changement de mœurs, le public est prié de se moquer de lui-même, de sa propre famille qui ne va pas fort, d’un système patriarcal qui se casse la figure, de ses croyances, quelles qu’elles soient.

LES GROS PATINENT BIEN
Compagnie le Fils du Grand Réseau
A partir de 8 ans
Après Bigre, Molière de la Comédie 2017, Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan, dans un feu d’artifice de bouts de carton, invitent à un voyage imaginaire, fusion des délires d’un cabaret de « cartoons » et d’une épopée shakespearienne.
Il quitte les plaines du Grand Nord, maudit par une sirène pêchée par accident. Il s’évade en patins, à trottinette, en avion cartonné. Il découvre l’Écosse, repart vers le sud à dos de mulet, assassine quelques cornemuseurs au passage, cherche l’amour, toujours. Mais l’acteur en costume trois pièces reste assis, c’est la folie du spectacle. Son acolyte en maillot de bain s’agite autour de lui avec des centaines de morceaux de carton où sont inscrits les noms des pays, accessoires ou bestioles rencontrées. Aventures rocambolesques déployées à force d’astuces et de gags, c’est une explosion d’idées géniales et farfelues.
mot du Babel :
Une odyssée poétique et déjantée, véritable feu d’artifice de bouts de carton. Pièce hilarante à la mise en scène hors norme. Un délice à déguster ensemble et en famille !
ANTOINE ET CLEOPATRE
Tiago Rodrigues
Antoine… Cléopâtre. Et vice versa. Inséparables dans notre mémoire, leurs deux noms nous racontent une histoire d’amour historique et fascinante, qui inspira notamment Plutarque, Shakespeare et Mankiewicz. C’est au creux d’une série de tiraillements que la légendaire histoire d’amour du général romain et de la reine d’Égypte a fait son lit.
À travers leurs corps et leur douce complicité, tout est histoire de projection. Obsédée, minutieuse, Cléopâtre décrit les faits et gestes d’Antoine. Et vice versa. On imagine. Lui plonge à travers elle, il voit le monde par ses yeux. Et vice versa. Sur les murs, à travers des mobiles couleur désert et ciel, leurs ombres prennent corps tandis que le récit se déploie : Rome, l’Égypte, la guerre, l’amour, le déshonneur, la mort bientôt.
Entre libido personnelle et emprise politique, l’évocation seule de l’odeur de l’autre équivaut à sa présence et c’est son âme entière qui envahit l’espace. Même revêtir son costume est une façon de s’unir à l’autre.
Tiago Rodrigues, metteur en scène incontournable de la scène internationale, nouveau directeur du Festival d’Avignon, s’affranchit du mythe d’origine pour mettre exclusivement en lumière le thème du duo amoureux. Il compose un poème épique et contemporain, qu’il donne à parler-chanter-danser au couple Sofia Dias et Vítor Roriz.
Dans cette adaptation de la pièce de Shakespeare, l’histoire de ces amants maudits prend vie et chair par l’effet de répétitions orales, ainsi que par celui de la gestuelle. Le déplacement du corps, l’esquisse d’un geste, l’insistance d’une phrase et l’accumulation des mots révèlent inexorablement leur dépendance mutuelle.