ART
texte de Yasmina Reza
par les compagnies Tg STAN et Dood Paard
« Mon ami Serge a acheté un tableau. C’est une toile d’environ un mètre soixante sur un mètre vingt, peinte en blanc. Le fond est blanc et si on cligne des yeux, on peut apercevoir de fins liserés blancs transversaux. »
C’est sur ces mots que débute la pièce « Art » de Yasmina Reza dont s’emparent, pour une nouvelle collaboration flamande et néerlandaise, les comédiens de tg STAN et Dood Paard. Ils se retrouvent après Onomatopée, programmé à Garonne la saison dernière.
Art nous convie dans « le salon d’un appartement » qui peut être à la fois celui de Serge, Marc ou Yvan. Ce pourrait être aussi le salon de chacun d’entre nous. Ces trois amis de longue date se retrouvent face au tableau blanc d’un artiste contemporain que l’un d’eux a récemment acheté. Cette « merde blanche », comme assène Marc, va devenir l’objet d’un désaccord fondamental entre eux faisant vaciller leurs quinze ans d’amitié. Ça tergiverse sur la question de l’art puis tourne au réquisitoire. Tout y passe : du divorce dont l’un est responsable au mauvais mariage de l’autre, à la femme bien trop froide du troisième… Répliques et réparties acérées fusent. Derrière l’apparence de cette conversation presque mondaine, les trois hommes tentent alors de clamer plus fort les uns que les autres qui ils sont, ce qui les anime. Chacun joue sa peau – regarder ce tableau blanc est un coup porté à soi-même ! En cela réside la violence et la force élusive de leurs échanges : qu’est-ce qui nous lie vraiment les uns aux autres ? Quel est le fondement de l’amitié ?
Dans cette remarquable tragi-comédie au canevas ciselé, qui tient également du vaudeville, Yasmina Reza signe une pièce qui interroge la juste valeur de l’amitié et se joue de la complexité des rapports humains.
Le mot du Babel
« Après Onomatopée cette nouvelle pièce semble un véritable cataclysme verbal (et physique), où vont s’opérer des rebondissements et des renversements de points de vue faisant voler en éclats le trio. Aucun des trois amis ne sortira indemne. Le spectateur non plus. »
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