ANTOINE ET CLEOPATRE
Tiago Rodrigues
Antoine… Cléopâtre. Et vice versa. Inséparables dans notre mémoire, leurs deux noms nous racontent une histoire d’amour historique et fascinante, qui inspira notamment Plutarque, Shakespeare et Mankiewicz. C’est au creux d’une série de tiraillements que la légendaire histoire d’amour du général romain et de la reine d’Égypte a fait son lit.
À travers leurs corps et leur douce complicité, tout est histoire de projection. Obsédée, minutieuse, Cléopâtre décrit les faits et gestes d’Antoine. Et vice versa. On imagine. Lui plonge à travers elle, il voit le monde par ses yeux. Et vice versa. Sur les murs, à travers des mobiles couleur désert et ciel, leurs ombres prennent corps tandis que le récit se déploie : Rome, l’Égypte, la guerre, l’amour, le déshonneur, la mort bientôt.
Entre libido personnelle et emprise politique, l’évocation seule de l’odeur de l’autre équivaut à sa présence et c’est son âme entière qui envahit l’espace. Même revêtir son costume est une façon de s’unir à l’autre.
Tiago Rodrigues, metteur en scène incontournable de la scène internationale, nouveau directeur du Festival d’Avignon, s’affranchit du mythe d’origine pour mettre exclusivement en lumière le thème du duo amoureux. Il compose un poème épique et contemporain, qu’il donne à parler-chanter-danser au couple Sofia Dias et Vítor Roriz.
Dans cette adaptation de la pièce de Shakespeare, l’histoire de ces amants maudits prend vie et chair par l’effet de répétitions orales, ainsi que par celui de la gestuelle. Le déplacement du corps, l’esquisse d’un geste, l’insistance d’une phrase et l’accumulation des mots révèlent inexorablement leur dépendance mutuelle.
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